Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
LES BELLES-DE-NUIT.

assisté au souper. C’était la coutume aux fêtes du nabab, et nul ne songeait à s’en étonner. On appelait cela l’entrée des grandes dames.

Car il était convenu que tous ces masques mignons, arrivant sur le tard, étaient des grandes dames ! De très-grandes dames ! comme disait Buridan, le capitaine.

L’hôtel Montalt avait sa terrible renommée. On en disait un mal horrible, mais on y allait, mais, pour y aller, on bravait tout de grand cœur : parce que ce n’était point là une de ces réputations menteuses qui promettent beaucoup pour ne rien tenir ; bien au contraire, on n’en pouvait prendre une idée exacte à l’avance : chez le nabab, magnificences et féeries étaient fort au-dessus de la renommée. Les descriptions mentaient, non par exagération, mais par impuissance.

Il fallait voir pour croire à ce miracle de la fantaisie et de l’argent.

Mais si ce contingent nouveau de beautés inconnues et un peu dépaysées dans ce monde étrange n’excitait point la surprise, il se passait, à l’insu de tous, un fait assez singulier, et pour lequel les familiers de l’hôtel n’auraient point trouvé d’explication.

Les douze danseuses que nous avons vues ouvrir le bal étaient officiellement enrôlées et