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CHAPITRE VII.

hardiesse de s’appuyer familièrement à son bras.

— Que diriez-vous, poursuivit-il en baissant la voix, d’un pauvre garçon qui serait arrivé un beau jour, sans recommandation ni appui, dans un château où il ne connaissait âme qui vive… et qui, dans l’espace de trois ans, serait parvenu, au moyen de sa seule industrie, à mettre tout bonnement à la porte le maître du château pour s’installer en son lieu et place ?

— C’est très-fort, répliqua Montalt.

— J’entends légalement…, reprit Robert ; ayant par devers lui, cet homme dont je vous parle, des actes de propriété en bonne et due forme !

— C’est encore plus fort !

Robert lui serra le bras.

— Auriez-vous le temps d’écouter une histoire ? dit-il.

— Est-elle longue votre histoire ?

— Passablement… mais quand vous l’aurez entendue, vous aurez, mon cher lord, la mesure complète de mes capacités.

— C’est que le jeu s’engage…, dit Montalt avec une hésitation vraie ou feinte ; et je voudrais…

— Misère !… s’écria le chevalier en le retenant de force ; celui qui a fait vingt mille livres de rente avec néant, milord, peut faire des milliards