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LES BELLES-DE-NUIT.

Manifestement, madame Cocarde avait le droit, en effet, de croire cela ; car les deux jeunes filles demeuraient devant elle muettes, froides, embarrassées. Néanmoins, elles obéirent à ce dernier appel et prirent place toutes deux sur le pied du lit avec une politesse contrainte.

Madame Cocarde était, comme nous l’avons dit, principale locataire de la maison, et grâce à l’intercession des deux sœurs, elle consentait à ne point chasser les Penhoël de leur misérable grenier.

C’était là tout le secret de la déférence que lui montraient Diane et Cyprienne.

— Bien, mes petits enfants !… reprit-elle. Comme cela, au moins, on peut causer à son aise !… J’ai beau avoir les dents bien rangées, ces coquines de bécasses ont de petits nerfs qui entrent partout !… Et puis, c’est peut-être une arête, car j’ai mangé du bar… Ah ! mes petits enfants, l’excellent dîner que j’ai fait !… Il faut que je vous en conte le menu… Un potage en tortue délicieux… Pour relevé, un bar au court bouillon… Pour entrée, une blanquette de volaille, que mon cordon bleu réussit toujours à merveille… Pour rôti, cette scélérate de bécasse… Après cela, une crème à la vanille, un raisin et mon café… Je n’ai jamais mieux dîné de ma vie !