Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
CHAPITRE XVI.

L’idée qui avait traversé son esprit au commencement de l’entrevue, et ce souvenir vague qu’avait éveillé en elle l’aspect des deux jeunes gens, ne tenaient point contre les brusques émotions subies depuis lors. Elle ne songeait plus à cela.

Au moment où elle pouvait penser que les deux frères se fiaient à son immobilité, elle prit soudain son élan et gagna d’un saut l’autre extrémité de la chambre où s’ouvrait la porte des appartements intérieurs.

Le petit chevalier la guettait, et c’était un garçon agile s’il en fut.

Lola le trouva planté entre elle et la porte.

Lola voulut crier ; il lui mit sans façon la main sur la bouche.

— Silence, madame, dit en même temps le vicomte, ou malheur à vous !…

— Vous ne m’assassinerez pas, peut-être !… criait la marquise en se débattant ; vous êtes des hommes !

Le petit chevalier éclata de rire ; et, dans cet accès de gaieté, sa voix, qu’il ne contraignait plus, avait des notes très-peu masculines.

— Si c’est là votre dernier espoir, madame, dit le vicomte, je suis fâché de vous l’enlever… Votre modestie effarouchée ne vous a pas permis, jusqu’à présent, peut-être, de nous exami-