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CHAPITRE IV.

cher enfant !… Mais parlons de nous, ma fille… Je suis entré dans la salle… ils étaient là une vingtaine de jeunes gens prenant leçon ou faisant assaut. Moi qui ai vu Saint-Georges, Fabien et la Böessière, je puis bien dire cela… on ne se bat plus comme autrefois, et les belles manières sont perdues !

Son bon sourire se teignit d’un peu d’ironie.

— Vraiment, s’écria-t-il emporté par une distraction soudaine, ces beaux messieurs d’à présent sont incroyables ! Si vous les voyiez, Marthe, saluer négligemment et tirer le mur comme par manière d’acquit, cela vous ferait pitié, ma pauvre fille !… Plus de grâce !… une tenue gauche et en même temps fanfaronne !… À les voir courir, souffler, crier et se fendre comme des compas pour se donner, au hasard, quelques méchants coups de fleuret dans les cuisses, on dirait une douzaine de paires de boutiquiers qui se battent avec leurs aunes.

L’oncle en sabots eut un petit rire sec et décidément moqueur.

Puis tout à coup sa figure redevint grave.

— À qui vais-je parler de cela ?… Et devrais-je censurer, moi qui demande l’aumône ?… Je me suis approché du maître, du professeur, comme on les appelle maintenant, et je lui ai dit en rassemblant tout mon courage :