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LES BELLES-DE-NUIT.

et pourtant, de confiantes que nous étions, nous voilà tristes et humiliées… On est venu vers nous, au moment où la détresse nous accablait et où ma pauvre sœur, trop faible contre sa souffrance, parlait de mourir… Auprès de nous, se prolongeait l’agonie d’une femme sainte que nous aimons comme si elle était notre mère… Et je ne vous fatigue pas du compte de nos autres douleurs !… On nous a donné une espérance qui, bien longtemps, nous a semblé un rêve… Pourquoi le cacher ? Derrière les promesses qui nous étaient faites, plus d’une fois nous avons entrevu la honte. Mais quelquefois aussi, pauvres ignorantes que nous étions, il nous semblait que Dieu devait avoir mis sur la terre, parmi tant d’hommes méchants, cruels, impitoyables, quelques cœurs généreux, pour que le ciel ne soit point une solitude après cette vie… Ne nous demandez pas si nous avons raisonné notre espoir, car notre conscience nous disait de rester… Et si nous sommes ici, c’est ma faute… oh ! ma faute, à moi toute seule… Ma sœur ne voulait pas venir…

Cyprienne se rapprocha de Diane, et appuya sa tête contre le sein de sa sœur.

— Je t’aurais suivie au bout du monde !… murmura-t-elle.

— Écoutez, reprit Diane ; quand je vous ai