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LES BELLES-DE-NUIT.

rire devint plus franc ; vous m’aviez donc remarqué sur la route ?

Cyprienne fit un petit signe de tête affirmatif.

— Alors pourquoi cette longue résistance ?… demanda Montalt, car il y a longtemps que je désirais votre visite… Aviez-vous peur de moi ?

— De vous moins que d’un autre…, répondit Diane qui raffermissait peu à peu sa voix pénétrante et douce.

Le nabab s’inclina.

— Moins que d’un autre…, répéta-t-il ; c’est beaucoup encore… J’espère que vous avez perdu ce reste de crainte… Voulez-vous que je sois votre ami ?

— Oh !… répondit Diane vivement ; nous le voulons de tout notre cœur !

Une nuance d’embarras vint se refléter dans le regard de Montalt. On eût dit qu’il hésitait à donner un sens à cette réponse.

Le silence régna de nouveau, durant quelques secondes, dans le boudoir. Montalt promenait son regard incertain de l’une à l’autre des deux jeunes filles.

Il contemplait avec une émotion croissante ces beaux fronts, tout brillants de candeur, ces traits purs et charmants, auxquels le petit bonnet des paysannes morbihannaises était comme une virginale couronne.