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CHAPITRE IX.

cru parfois deviner de l’angoisse, parfois la tempête terrible, toute prête à éclater.

Robert ne voyait rien de tout cela. Et peut-être était-ce tout simplement le jeu de la lumière lointaine qui venait, glissant à travers le feuillage, écrire de capricieuses pensées sur le visage immobile de Montalt…

— Bref, reprit Robert, la lettre était compromettante comme tout ce qui tombe de la plume naïve de la vertu… Il y en avait dix fois plus qu’il ne fallait pour monter la tête de mon brutal ; d’autant mieux que ledit buveur d’eau-de-vie avait reçu de son côté un message… une lettre du frère aîné, qui ne pouvait pas se tenir en paix dans son exil, et qui envoyait, par la poste, un volume de pathos… Ma foi, milord, je donnerais vingt louis pour avoir dans ma poche ces deux morceaux d’éloquence… Nous les lirions ensemble, et cela vous réjouirait, j’en suis sûr.

— D’après ce que vous m’en dites, M. le chevalier, répliqua Montalt dont la voix était ferme, cela devait être curieux, en effet.

— Vous ne vous figurez pas !… Je me procurai aussi cette seconde lettre, pensant bien qu’à l’occasion ce larcin retomberait tout naturellement sur Madame, car Montaigu ne la lui avait jamais montrée.