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C’était un bon jour pour tout le monde, et l’on n’en était pas à savoir que le maître de Penhoël faisait bien les choses, quand il s’y mettait.

Toutes ces lumières, répandues à profusion au sommet de la côte où s’élevait le manoir, faisaient contraste avec les ténèbres environnantes, et jetaient dans une nuit plus profonde les versants boisés de la colline.

La pente roide qui descendait au Port-Corbeau était surtout plongée dans une obscurité complète.

Le taillis de châtaigniers semblait un grand tapis noir, aux bords duquel le cours tranquille de l’Oust mettait une étroite frange d’argent.

La rampe abrupte faisait ombre au bas de la montagne ; nul reflet n’y arrivait, et c’est à peine si quelques échos lointains des mille bruits de la fête y descendaient comme un murmure perdu.

Au milieu de ces ténèbres et de ce silence, on voyait pourtant, à travers les branches des châtaigniers, une petite lueur rougeâtre, et l’on entendait de temps en temps comme un cri sourd.

La lueur et le cri sortaient tous deux de la loge de Benoît Haligan, le sorcier, dont la porte était grande ouverte.