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LE BOSSU.

vieux jours : un petit jardin, une prairie parsemée de pâquerettes rosées, un ruisseau avec un moulin.

— Et, dans le moulin, une meunière, interrompit le Gascon.

Passepoil se frappa la poitrine.

— Les passions ! s’écria-t-il en levant les yeux au ciel ; les passions font le tourment de la vie et empêchent un jeune homme de mettre de côté !

Ayant ainsi formulé la saine morale de sa philosophie, frère Passepoil reprit :

— J’ai fait comme toi, j’ai couru de ville en ville… pays plat, gros, bête et ennuyeux… des étudiants maigres et couleur de safran… des nigauds de poëtes qui bayent au clair de lune… des bourgmestres obèses qui n’ont jamais le plus petit neveu à mettre en terre… des églises où on ne chante pas la messe… des femmes… mais je ne saurais médire de ce sexe dont les enchantements ont embelli et brisé ma carrière !… enfin, de la viande crue et de la bière au lieu de vin !

— A pa pur ! prononça résolûment Cocardasse, je n’irai jamais dans ce pays-là !

— J’ai vu Cologne, Francfort, Vienne, Berlin, Munich et un tas d’autres villes noires où l’on