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LA VAMPIRE

— J’ai trouvé la tanière, répondit Patou qui dépliait un des papiers dont il venait de parler ; mais la louve s’est enfuie.

— La louve ? répéta Jean-Pierre.

Patou lui serra fortement la main.

— Patron, murmura l’apprenti médecin à son oreille, il y a du sang là-dedans. C’est demain qu’on étrenne la Morgue du Marché-Neuf, j’ai idée que votre nouvelle salle sera trop petite : Franz Koënig a été assassiné ce soir.

Les doigts de Jean-Pierre se crispèrent sur son front pâle.

— Et ma fille ? dit-il en un gémissement. Et mon pauvre René ?

Charlevoy approchait avec la lumière. Le regard de Gâteloup tomba sur le papier que Patou tenait à la main.

— L’écriture d’Angèle ! s’écria-t-il en lui arrachant la lettre.

— Il n’en manque pas, répliqua l’étudiant en médecine, j’en ai trouvé au moins une demi-douzaine sur le rebord de la croisée… Et tenez ! en voici un jusque dans la chambre ! C’est celui qui a dû casser le carreau.

Il ramassa un papier contenant un caillou comme les autres et qui était sur le plancher.

— Oh ! oh ! fit-il en baissant la voix malgré lui, celui-là est tracé avec du sang !

Jean-Pierre prit le flambeau des mains d’Ezéchiel.

— Sortez tous ! prononça-t-il à voix basse, mais ne vous éloignez pas. Tout à l’heure j’aurai besoin de vous.

XXI

PAUVRE ANGÈLE !

Jean-Pierre Sévérin, dit Gâteloup, et Germain Patou étaient seuls tous deux, non plus dans le salon, mais dans la chambre qui confinait à la cachette. Jean-Pierre avait voulu mettre une porte de plus entre lui et la curiosité des agents.

Ils étaient assis l’un auprès de l’autre, sur la marche ou caisson que la coutume plaçait, dans toutes les vieilles maisons, au-devant des croisées.

C’était l’unique siège que présentât désormais l’appartement.

Chacun d’eux avait à la main un de ces papiers qui conte-