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- 23 — La population de ces quartiers est cm parfait rapport avec ce qu’Us ont de repoussant. Ce sont des filles perdues du plus bas étage, des vagabonds de toute espèce, l’écujpe des porte- faix, des décrotieurs, des commissionnaires, tous ces êtres qui se lèvent saas savoir où ils trouveront le pain de leur dé-, jeûner. Il s’y trouve encore beaucoup d’ouvriers de fabrique, 000 pas que le travail ne puisse leur donner les moyens de vivre mieux, mais parpe qae le vice les a abrutis, parce que la passion de l’eau-de-vie les domine, et qu’ils boivent, dès qu’il est reçu, avant de rentrer chez eux, l’argent de leur qaiazaine. On ne peut songer sans frémir que Rouen renferme près de deux mille condamnés libérés, la plupart soumis à la surveil- i ■ lance, mais dont la moitié seulement la subit, le reste trou- | vantmoyen, par de faux noms ou de faux papiers, de s’y sous- traire. Eh bien ! c’est dans la partie de la ville dont nous nous occupons, que cette effrayante tourbe, population de bandits, trouve à loger et à se réfugier. Notre expression est donc juste quand nous appelons cet enfer une Cour des Miracles. C’est là, en effet (les débats ju- diciaires le démontrent cbaqne jour), que se préparent, se méditent tous les crimes, les vols, les assassinats qui effrayent i le pays. Puis, que l’on s’étonne de voir la cour d’assises quasi

! permanente à Rouen, tandis que,dans certains départements,

les sessions ordinaires sont plus que suffisantes. Il ne faut pas être surpris, du reste, que cette ville four- nisse asile à une légion entière de malfaiteurs. Us y trouvent 1 réunies des conditions de sécurité et de facilité qu’ils n’au- raient pas ailleurs. Sans parler de l’avantage de rencontrer ces quartiers hàtis pour eux, qu’eux seuls peuvent habiter, ils ont sous la main un millier de brocanteurs, de revendeurs de toute espèce, qui servent merveilleusement au recel. A ce point que, quand un malfaiteur a commis un vol dans une ville, dans une localité du rayon de Rouen, il arrive aussitôt ici pour s’en débarrasser.