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avoir un esprit mûr, ferme, appliqué, et expérimenté pour le gouvernement.

Peut-on douter que les femmes ne soient chargées de tous ces soins, puisqu’ils tombent naturellement sur elles pendant la vie même de leurs maris occupés au dehors ? Ils les regardent encore de plus près si elles deviennent veuves. Enfin saint Paul attache tellement en général leur salut à l’éducation de leurs enfants qu’il assure que c’est par eux qu’elles se sauveront.

Je n’explique point ici tout ce que les femmes doivent savoir pour l’éducation de leurs enfants, parce que ce mémoire leur fera assez sentir l’étendue des connaissances qu’il faudrait qu’elles eussent.

Joignez à ce gouvernement l’économie. La plupart des femmes la négligent comme un emploi bas, qui ne convient qu’à des paysans ou à des fermiers, tout au plus à un maître-d’hôtel, ou à quelque femme de charge : surtout les femmes nourries dans la mollesse, l’abondance et l’oisiveté, sont indolentes et dédaigneuses pour tout ce détail ; elles ne font pas grande différence entre la vie champêtre et celle des sauvages du Canada. Si vous leur parlez de vente de blé, de culture des terres, des différentes natures des revenus, de la levée des rentes et des autres droits seigneuriaux, de la meilleure manière de faire des fermes, ou d’établir des receveurs, elles croient que vous voulez les réduire à des occupations indignes d’elles.

Ce n’est pourtant que par ignorance qu’on méprise cette science de l’économie. Les anciens Grecs et les Romains, si habiles et si polis, s’en instruisaient avec un grand soin : les plus grands esprits d’entre eux en ont fait, sur leurs propres expériences, des livres que nous avons encore, et où ils ont marqué, même le dernier détail de l’agriculture. On sait que leurs conquérants ne dédaignaient pas de labourer, et de retourner à la charrue en