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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

ses déboires, et la vie lui réservait, pour son automne, la découverte d’un trésor.

Le détracteur des Muses classiques au pur profil et aux nobles draperies s’éprit d’une autre Muse, née sans doute sur le vieux sol gaulois et dépositaire de cette immense sagesse anonyme qui vole avec la poussière des grandes routes et bavarde, le soir, au bord des fontaines, jugeant, à la manière du chœur antique, les puissants du jour et les événements de l’époque — une muse qui a remplacé les cothurnes par les sabots, dont la voix s’est rouillée comme le son des vieilles horloges, et qui, son fuseau à la main, sa quenouille au côté, se plaît à discourir. Où l’avait-il rencontrée ? Peut-être, dans quelque coin de cette douce et un peu narquoise Touraine dont ses parents étaient originaires, et qui lui avait donné quelque chose de son irrévérente bonhomie. Peut-être, déjà, s’était-elle penchée sur le petit Charles, alors que, sur les genoux de sa mère, il apprenait à lire. Il dut la retrouver auprès du berceau de ses enfants.

Ces contes de fées populaires étaient alors indifféremment appelés contes de Peau d’Âne ou contes de la Mère l’Oye. Boileau les méprisait : « Bon Dieu, s’écriait-il, qu’aurait-on dit de Virgile si à la descente d’Énée dans l’Italie, il lui avait fait conter par un hôtelier l’histoire de Peau d’Âne et des contes de la Mère l’Oie ? » Mais La Fontaine n’attendait point la vogue que le livre de Charles Perrault donna largement à ces vieilles histoires pour écrire :

Si Peau d’Ane m’était conté
J’y prendrais un plaisir extrême.

Perrault prit sans doute un plaisir extrême à se faire redire par ses enfants des contes que lui avait