Page:Europe (revue mensuelle), n° 181, 01-1938.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avant de s’embarquer avec des poèmes, on devra avoir lu M. Georges Matisse. Il aura donné à l’esprit une belle aire de démarrage, lisse et spacieuse.

henri hertz.
*

CHRONIQUE ARTISTIQUE
peintures chinoises à la bibliothèque nationale.

Une collection de peintures chinoises appartenant à M. J. P. Dubosc a été exposée au mois d’octobre dernier à la Bibliothèque nationale, dont l’intérêt mérite d’être signalé. Le public a pu voir là des chefs-d’œuvre qu’il rencontre rarement sur son chemin et les connaisseurs, de leur côté, ont profité de cette occasion pour discerner un regroupement de valeurs qui s’opère actuellement dans ce domaine. Il convient de rappeler ici l’Exposition faite en 1936 à Oslo par le Dr O. Sirén qui déjà attira l’attention sur la peinture chinoise du XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.

Le renom des peintures qui appartiennent aux époques que nous venons d’indiquer est solidement établi en Chine et au Japon ; mais chez nous, en raison d’un certain parti pris et d’une certaine ignorance, on a surtout prôné la peinture chinoise de l’époque Song (Xe, XIe-XIIe siècles), accordant bien aussi un regard à l’époque Yuan (XIIIe-XIVe) considérée d’ailleurs comme le prolongement de l’époque antérieure. Cette admiration assez confuse pour les « Song-Yuan » se transformait soudain en mépris lorsque l’on prononçait les noms des dynasties Ming et Ts’ing.

Or, il faut d’abord le noter, l’authenticité de beaucoup de peintures prétendument Song ou Yuan est très sujette à caution. M. Arthur Waley, le Dr Sirén, dans leurs ouvrages, ont suffisamment indiqué combien sont rares les tableaux qui peuvent avec certitude être attribués à l’époque dite « classique » de la peinture chinoise. Il apparaît donc que l’on s’est pâmé surtout devant des copies. Mais sans préjuger de la grandeur véritable de la peinture chinoise des époques Song et Yuan, l’exposition de la Bibliothèque nationale nous a permis tout au moins de reviser le jugement qui avait été porté avec beaucoup de désinvolture sur les peintres chinois des dynasties Ming et Ts’ing. À vrai dire, il n’était