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ODYSSEUS.

Je verse, mais tais-toi.

LE KYKLÔPS.

Tu veux une chose difficile de qui a beaucoup bu.

ODYSSEUS.

Voici. Prends, bois et ne laisse rien ; mais qui a tout bu doit mourir.

LE KYKLÔPS.

Ah ! la vigne est, certes, un bois parfait !

ODYSSEUS.

Si tu bois beaucoup après avoir beaucoup mangé, arrosant ainsi ton estomac désaltéré, tu tomberas endormi ; mais, si tu laisses quoi que ce soit, Bakkhos te dessèchera !

LE KYKLÔPS.

Iô ! J’ai mangé avec peine. C’est une volupté de vin pur ! L’Ouranos me semble confondu avec la terre, et je vois le thrône de Zeus, et toute la sainte bande des Daimones ! Je ne les baiserai pas. Les Kharites m’excitent, mais je me contente de ce Ganymédès-ci, et je me reposerai délicieusement, par les Kharites ! L’amour des jeunes garçons me réjouit beaucoup plus que celui de ces mamelles !

SEILÈNOS.

Mais ne suis-je pas le Ganymédès de Zeus, ô Kyklôps ?