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LE KYKLÔPS.

Et les kratères sont-ils pleins de lait ?

LE CHŒUR.

À ce point que tu peux en boire, si tu veux, tout un tonneau.

LE KYKLÔPS.

Du lait de brebis, de vache, ou mêlé ?

LE CHŒUR.

Comme tu voudras. Seulement ne m’avale pas !

LE KYKLÔPS.

Certes, non ! Car, en sautant au milieu de mon ventre, vous me tueriez par vos gigottements. — Ah ! quelle est cette bande que je vois auprès des étables ? Des pirates ? des voleurs qui ont abordé ici ? Certes, voici des agneaux tirés de mon antre, et attachés avec des liens d’osier, et mêlés à des paniers de fromages, et ce vieillard, dont le front chauve est tout enflé de coups !

SEILÈNOS.

Hélas ! malheureux ! je suis tout fiévreux de coups !

LE KYKLÔPS.

Par qui ? Qui t’a frappé la tête à coups de poing, vieillard ?

SEILÈNOS.

Ceux-ci m’ont battu, Kyklôps, parce que je ne leur permettais pas d’emporter ce qui t’appartient.