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ORESTÈS.

Je ne serai jamais à la fois ton meurtrier et celui de ma mère. C’est assez de l’avoir tuée. Je veux vivre et mourir avec toi, et partager ta destinée. Je te ramènerai dans notre demeure si je ne succombe pas, ou je resterai mort ici avec toi. Mais écoute ma pensée. Si ceci eût déplu à Artémis, comment Loxias m’eût—il ordonné d’emporter la statue de la Déesse dans la ville de Pallas, et m’eût—il accordé de te revoir ? En réfléchissant à toutes ces choses, j’espère que le retour est sûr.

IPHIGÉNÉIA.

Comment agir pour que nous ne périssions pas, et pour accomplir ce que nous voulons ? C’est en cela que notre retour est difficile. À la vérité, nous avons pour nous la volonté !

ORESTÈS.

Ne pouvons—nous tuer le tyran ?

IPHIGÉNÉIA.

Tu parles d’une chose terrible, d’étrangers tuant leurs hôtes !

ORESTÈS.

Mais il faut le tenter, si ton salut et le mien en dépendent.

IPHIGÉNÉIA.

Pour moi, je ne le pourrais ; mais je loue ton audace.