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LE CHŒUR.

Moi aussi, je me lamente sur celle-ci tuée par ses enfants ! Quand la chose doit arriver, un Dieu fait justice. Tu subis de cruelles destinées ; mais, ô malheureuse, tu as commis une action impie contre ton mari ! Les voici qui sortent des demeures, trempés du sang tout chaud de leur mère, preuve de ses vaines supplications ! Aucune race n’est et n’a été plus lamentable que la race de Tantalos.




ORESTÈS.

Ô Terre ! Ô Zeus, qui vois toutes les actions des vivants ! Voyez ces choses sanglantes et abominables, ces deux cadavres couchés contre terre et frappés par ma main, en retour de mes maux !

ÈLEKTRA.

Certes, ceci est lamentable, ô frère ! Et j’en suis la cause ! J’ai marché à travers le feu contre la mère qui m’a enfantée, malheureuse que je suis ! Oh ! malheur ! malheur ! Ô mère qui m’as enfantée, frappée odieusement, lamentablement, et plus encore, par tes enfants ! Mais tu as justement expié le meurtre de notre père.

ORESTÈS.

Ô Phoibos, tu as ordonné la vengeance, et tu as causé des maux horribles et manifestes ! Et tu as extirpé ces noces sanglantes de la terre Hellènide ! Maintenant, dans quelle Ville irai-je ? Quel hôte, quel homme pieux regardera ma tête, puisque j’ai tué ma mère ?