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parmi lesquels j’étais heureux. Qu’ai-je besoin de vivre ? Quel profit aurai-je dans ma vie inutile et souillée ? Que l’illustre Épouse de Zeus trépigne donc de joie, en frappant du pied le pavé de l’Olympos, car elle a fait ce qu’elle voulait faire, en renversant de fond en comble l’homme le plus illustre de la Hellas ! Qui honorerait une telle Déesse qui, jalouse d’une femme à cause du lit de Zeus, ruine le bienfaiteur de la Hellas, lui qui était irréprochable ?

THÈSEUS.

Aucun autre Daimôn que l’Épouse de Zeus n’a médité ceci ; tu le penses avec raison. Il m’est plus facile de conseiller que de supporter les maux ; mais aucun des mortels, non plus que des Dieux, n’est hors des coups de la fortune, si, toutefois, les récits des Aoides ne sont pas faux. Les Dieux n’ont-ils pas formé des unions absolument interdites ? N’ont-ils pas, pour se saisir de la tyrannie, enchaîné et outragé leurs pères ? Et cependant ils habitent l’Olympos, et ils supportent aisément leurs fautes. Que diras-tu donc, toi qui, étant mortel, supportes moins patiemment que les Dieux les malheurs de la vie ? Quitte donc Thèba, puisque la loi le veut, et suis-moi dans la Ville de Pallas. Là, tu purifieras tes mains de cette souillure, et je te ferai part de ma demeure et de mes richesses. Et les présents que j’ai reçus des citoyens pour avoir sauvé sept jeunes filles et sept jeunes hommes, après avoir tué le Taureau Gnôssien, je te les donnerai. Des champs m’ont été réservés de tous côtés dans le pays. Je veux que les hommes les nomment désormais de ton nom, tant que tu vivras ; et quand tu seras mort et descendu dans le Hadès, toute la Ville des