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KRÉOUSA.

Le silence ne peut plus être gardé. Ne me recommande rien, car je vois le berceau dans lequel je t’exposai autrefois, ô fils, encore tout enfant, dans l’antre de Kékrôps, sous les rochers de Makra ! Je quitterai donc cet autel, même si j’en dois mourir !

IÔN.

Saisissez-la ! Elle a quitté l’autel par une inspiration divine. Liez ses bras !

KRÉOUSA.

Vous me tuerez donc, car je m’attacherai à toi, à ce berceau et aux choses qui y sont enfermées.

IÔN.

Ceci n’est-il pas terrible ? Elle veut me surprendre par un mensonge.

KRÉOUSA.

Non ! mais, grâce à toi aussi, je te retrouve, toi qui m’es cher !

IÔN.

Je te suis cher, moi ? Cependant, n’as-tu pas tenté de me tuer ?

KRÉOUSA.

Tu es mon enfant, ce qui est le plus cher à des parents.

IÔN.

Cesse d’ourdir des ruses ! Je t’éprouverai aisément.