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les hymnes harmonieux des Muses, c’est à toi, ô fils de Latô, que je reprocherai ce crime, à la lumière de Hèlios ! Tu vins à moi, resplendissant de ta chevelure d’or, tandis que, dans mon sein, je recueillais les fleurs dont l’éclat égalait celui de l’or ; et, me saisissant par mes blanches mains, malgré mes clameurs vers ma mère, tu me fis violence dans l’antre, ô Dieu impur, en rendant grâces à Kypris ! Et, malheureuse, je t’enfantai un fils que, par terreur de ma mère, je jetai dans ce même antre où tu m’avais possédée par une funeste union ! Hélas sur moi ! Et maintenant ton fils et le mien a misérablement péri déchiré par les oiseaux ; et, pendant ce temps, tu chantes des païans sur ta Kithare ! C’est à toi que je parle, fils de Latô, qui, assis sur le Trépied d’or, au centre de la terre, dispenses par le sort les prophéties à chacun. Je ferai résonner ma voix à ton oreille. Mauvais amant, tu donnes un fils, dans ses demeures, à mon mari à qui tu ne dois rien ; et ton fils et le mien, sans le savoir, a péri déchiré par les oiseaux, hors des langes que lui avait donnés sa mère ! Dalos te hait, et aussi le Laurier qui mêle ses branches à la molle chevelure du Palmier sous lequel Latô, par un vénérable accouchement, t’enfanta de Zeus !

LE CHŒUR.

Hélas ! Quel abondant trésor de maux se découvre, devant lequel chacun doit verser des larmes !

LE VIEILLARD.

Ô fille ! Je ne puis me rassasier de regarder ton visage et je suis tout hors de moi ! À peine, en effet, ai-je puisé un flot de malheurs, qu’un autre flot me submerge par tes