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marins. Toi, commande la manœuvre, et toi, tourne le gouvernail. — Mais, ayant égorgé le taureau, le fils d’Atreus, se dressant debout, excita de la voix ses compagnons : — Ô fleur de la Hellas, pourquoi tardez-vous à égorger, à massacrer ces Barbares et à les jeter de la nef dans la mer ? — Et notre chef cria de son côté à ses marins : — Allons ! que l’un se saisisse d’un banc de rameur brisé, l’autre d’un aviron, et que chacun ensanglante la tête de ces Étrangers ennemis ! — Et tous se dressèrent debout, Hellènes et Aigyptiens : ceux-ci armés de crocs marins, et ceux-là d’épées. Et la nef ruisselait de sang ; et du haut de la poupe, Hélénè les exhortait ainsi : — Songez à votre gloire Troienne ! montrez qui vous êtes à ces hommes Barbares ! — Et, dans leur hâte les uns tombaient, et les autres se relevaient, et d’autres gisaient morts. Mais Ménélaos, revêtu de ses armes, surveillant le point où ses compagnons faiblissaient, y brandissait son épée de la main droite, précipitait les nôtres dans la mer et dépouillait la nef de tes marins. Puis, le Roi, allant au gouvernail, ordonna de diriger la nef vers la Hellas. Et ils dressèrent le mât, et des vents propices soufflèrent, et ils s’éloignèrent ainsi de la terre. Et moi, échappant à la mort, je me jetai à la mer du côté de l’ancre ; et j’étais déjà sans forces, quand quelqu’un me tendit une corde et m’attira à terre, afin que je pusse t’annoncer ceci. Rien n’est plus utile aux hommes qu’une prudente défiance.




LE CHŒUR.

Je n’aurais jamais pensé, ô Roi, que Ménélaos pût te tromper comme il nous a trompés.