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MÉNÉLAOS.

Et moi, si tu m’es enlevée, je quitterai la vie.

HÉLÉNÈ.

Mais comment mourrons-nous, afin que ce soit avec gloire ?

MÉNÉLAOS.

Après que tu seras tuée sur ce tombeau, je me tuerai. Mais, auparavant, j’engagerai un grand combat pour ta possession. Approche qui veut ! Je ne déshonorerai pas ma gloire Troienne, et, de retour dans la Hellas, je n’encourrai aucun blâme, moi qui ai privé Thétis d’Akhilleus, qui ai contemplé le meurtre d’Aias Télamonien et qui ai vu le fils de Nèleus sans enfant ! N’oserai-je mourir pour le salut de ma femme ? Non, certes ! car si les Dieux sont sages, ils couvrent d’une terre légère l’homme brave tué par ses ennemis, mais ils couchent les lâches sous une lourde terre !

LE CHŒUR.

Ô Dieux ! que la race Tantaléienne soit enfin prospère et délivrée de ses maux !

HÉLÉNÈ.

Ah ! malheureuse ! telle est toujours ma mauvaise fortune ! C’est fait de nous, Ménélaos ! La fatidique Théonoè sort des demeures. La porte crie sur ses gonds. Fuis ! Mais pourquoi fuir ? Absente ou présente, elle te sait ici. Ô malheureuse, je suis perdue ! Sauvé de Troia et d’une terre Barbare, tu tomberas de nouveau sous d’autres épées Barbares !