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MÉNÉLAOS.

Je te possède et tu me possèdes ! Après tant de jours sans nombre, je comprends enfin les ruses de Hèra, et mes larmes sont de joie plutôt que de tristesse.

HÉLÉNÈ.

Que dirai-je ? Qui eût jamais espéré ceci ? Contre toute attente, je t’ai sur mon cœur !

MÉNÉLAOS.

Et moi, à qui tu semblais partie pour la Ville Idaienne et les funestes tours d’Ilios ! Par les Dieux, comment as-tu été enlevée de ma demeure ?

HÉLÉNÈ.

Hélas ! hélas ! quel cruel passé tu réveilles ! Quel récit cruel tu demandes !

MÉNÉLAOS.

Parle ! car il faut connaître tous les dons des Daimones.

HÉLÉNÈ.

J’ai horreur de faire un tel récit.

MÉNÉLAOS.

Parle cependant. Il est doux de parler des maux soufferts.

HÉLÉNÈ.

Je ne suis point allée, à l’aide de l’aviron ailé, vers le