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HÉLÉNÈ.

Voici que je reviens vers ce sépulcre, après avoir entendu les chères paroles de Théonoè qui sait toutes choses. Elle dit que mon mari est vivant et voit encore la lumière de Hèlios ; qu’il erre çà et là sur beaucoup de mers, et qu’il ne trouvera enfin le terme de ses maux qu’après avoir été longtemps éprouvé. La seule chose qu’elle n’ait pas dite, c’est, quand il sera venu, s’il partira sain et sauf. Et moi, je me suis abstenue de m’en informer, joyeuse que j’étais de le savoir vivant. Elle a dit aussi qu’il était non loin d’ici, naufragé avec quelques rares amis. Que ne viens— tu ? Combien désiré ! Ah ! quel est celui-ci ? Suis-je surprise par les embûches cachées du fils impie de Prôteus ? Comme une cavale rapide ou telle qu’une Bakkhante, je vais courir vers ce tombeau. Que le visage de cet homme qui tente de me saisir est farouche !

MÉNÉLAOS.

Arrête, toi qui, d’un élan impétueux, cours vers les marches et le feu sacré de ce tombeau ! Pourquoi fuis-tu ? L’étonnement et la stupeur me saisissent à ta vue.

HÉLÉNÈ.

Je suis en proie à la violence, ô femmes ! Je suis arrachée à ce tombeau par cet homme qui veut me livrer au Tyran dont je fuis les noces !

MÉNÉLAOS.

Je ne suis ni un ravisseur, ni le serviteur des méchants.