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vu, lui qui est le maître de ce pays. Il est absent et chasse avec ses chiens tueurs de bêtes fauves, et il tue tous les Hellènes qu’il prend. Ne demande pas pourquoi ; je me tais. En effet, que te servirait de l’apprendre ?

TEUKROS.

Tu as bien parlé, ô femme ! Que les Dieux te soient bienveillants à cause de tes bienfaits ! Tu es semblable à Hélénè par le corps, mais tu n’as pas le cœur semblable au sien, car il est très différent. Que Hélénè périsse misérablement, et qu’elle ne retourne point vers les rives de l’Eurotas ! Mais, pour toi, ô femme, que tout te soit à jamais heureux !




HÉLÉNÈ.

Ô deuil cruel de la grande douleur dont je gémis ! Quelle lamentation pousserai-je ? Quelle plainte lugubre exhaler ? Des larmes, des sanglots, ou des gémissements ? Hélas ! hélas !

Strophe I.

Jeunes Vierges ailées, filles de la terre, Seirènes ! puissiez-vous venir à mes plaintes, avec la flûte Libyque ou les Syrinx, afin que, répondant à mes maux par de lugubres larmes, à mes douleurs par vos douleurs, à mes gémissements par vos gémissements, votre voix fasse parvenir à Perséphassa des lamentations mêlées aux miennes, et afin que, dans la demeure sombre, elle reçoive, comme un don, nos hymnes aux morts !