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maîtresse, souffrant ainsi ce qu’elle a fait souffrir ! Il serait très doux le message que nous recevrions de la terre de la Hellas, si quelque marin venait nous annoncer la fin de notre servitude et de nos maux ! Puissé-je, en effet, même en songe, ouir, dans mes demeures et dans la Ville paternelle, des chants de joie et de félicité commune, avec les heureux !

Épôde.

Mais voici, les deux mains enchaînées, les nouvelles victimes de la Déesse. Taisez-vous, amies ! Les prémices Hellènes approchent du Temple, et les messagers n’ont pas menti. Ô Vénérable, si cette ville t’offre un culte qui te plaît, reçois ces victimes que notre loi te présente, mais qui semblent impies aux Hellènes !




IPHIGÉNÉIA.

Bien ! Je dois, avant tout, m’inquiéter de ce qui convient au culte de la Déesse. Déliez les mains de ces étrangers. Une fois voués, il n’est plus nécessaire qu’ils soient liés. Entrez donc dans le Temple et préparez ce qu’il faut, selon la coutume. — Hélas ! quelle mère vous a enfantés ? Quel est votre père ? Quelle est votre sœur, si vous en avez une ? De quels deux jeunes hommes, ses frères, elle va être privée ! Qui connaît la fortune de chacun et ce qu’elle sera ? Les Choses des Dieux, en effet, marchent dans l’ombre, et nul ne connaît le malheur prochain, car la destinée nous mène par des voies inconnues. D’où venez-vous, ô malheureux étrangers ? Par quel long