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sions pas que des bouviers pussent soutenir le combat. En ce moment, donc, nous nous réunîmes en grand nombre. Mais l’étranger, après ce transport de fureur, tomba, le menton ruisselant d’écume. Le voyant tomber à propos, chacun se précipita, jetant des pierres ; mais l’autre étranger lui essuyait son écume, le gardait, l’enveloppait de son péplos, le garantissant avec zèle de toute blessure et lui donnant tous les soins d’un ami. L’étranger ayant repris ses esprits, se releva, et voyant cette tempête d’ennemis qui l’assaillait, gémit. Or, nous lancions des pierres sans relâche et le pressions tout à la fois. Et voici que nous entendîmes cette parole terrible : — Pyladès, nous mourrons ; mais mourons glorieusement. Prends l’épée nue en main et suis moi ! — Quand nous vîmes les épées que brandissaient nos ennemis, nous prîmes la fuite vers les bois ; mais, tandis que les uns fuyaient, les autres les frappaient toujours ; et, quand ils repoussaient ceux-ci, de nouveau les premiers qui avaient fui leur lançaient des pierres. Et, chose incroyable, aucune de ces mains innombrables ne pouvait atteindre ces victimes de la Déesse. Nous les avons saisis avec peine, et non de force, en les enveloppant de tous côtés ; et nous leur avons arraché à coups de pierres les épées des mains, et, fatigués, ils fléchirent les genoux contre terre ; et nous les avons menés au Roi de cette terre. Il les a regardés, et il te les envoie pour les ablutions et le sacrifice. Souhaite, ô vierge, que de telles immolations te soient réservées ! En égorgeant ces étrangers, tu châtieras la Hellas, et tu vengeras ton sacrifice accompli à Aulis.

LE CHŒUR.

Tu as dit des choses merveilleuses de cet étranger,