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LES BAKKHANTES.

— Allez, ô Bakkhantes ! Allez, ô Bakkhantes ! délices du Tmôlos qui roule de l’or ! Chantez Dionysos à l’aide des tympanons stridents, Évoé ! Célébrez le divin Évios par la clameur phrygienne et par des cris, tandis que la douce flûte sacrée y mêle ses sons vénérables qui règlent les courses sur la montagne, sur la montagne ! Et telle que le poulain près de sa mère paissant, la Bakkhante se réjouit et agite ses pieds rapides en bondissant.


Teirésias.

Qui appellera aux portes, hors de la demeure, Kadmos, le fils d’Agènôr, qui, ayant quitté la citadelle de Sidôn, bâtit cette ville des Thèbaiens ? Qu’une messagère aille lui dire que Teirésias le demande ! Il sait pourquoi je viens, et il sait le pacte que, moi vieillard, j’ai fait avec lui plus vieux encore, de prendre le thyrse, de revêtir la peau des faons, et de couronner nos têtes de lierre.

Kadmos.

Ô très cher, j’ai reconnu ta voix, en l’entendant du fond de la demeure, car c’est la voix d’un homme sage. Me voici prêt et portant les signes du Dieu. Il nous faut, en effet, autant que nous le pourrons, étendre les honneurs de Dionysos qui s’est manifesté aux hommes comme un Dieu, et qui est né de ma fille. Où conduire les chœurs ? Où mettre nos pieds et secouer nos têtes blanches ? Sois mon conducteur, Teirésias, et, vieillard, guide un vieillard, car tu es sage. Ni le jour, ni la nuit, je ne me lasserai de heurter le thyrse contre terre, et j’oublierai volontiers que je suis vieux.