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ANDROMAKHÈ.

Je l’ai vue elle-même, et, descendant de ce char, j’ai enveloppé son corps de péplos, et je me suis lamentée sur le cadavre.

HÉKABÈ.

Ah ! ma fille ! Égorgement impie ! Hélas ! de nouveau ! Ah ! que tu as péri affreusement !

ANDROMAKHÈ.

Elle est morte ainsi, mais sa destinée est plus heureuse que la mienne, qui est de vivre !

HÉKABÈ.

Ah ! ma fille, être vivante ou morte, ce n’est pas la même chose ! La mort n’est rien, mais la vie espère toujours.

ANDROMAKHÈ.

Ô mère, ô toi qui as conçu, écoute une belle parole, afin que je console ton cœur ! Je dis que ne pas être né est semblable à la mort, mais qu’il est meilleur d’être mort que de vivre misérablement, car celui qui n’a pas le sentiment de ses maux ne souffre pas. Mais celui qui de la félicité tombe dans le malheur, languit de chagrin dans son cœur, à cause de sa félicité passée. Celle-ci est comme si elle n’avait pas vu la lumière, puisqu’elle est morte, et elle ne sent rien de ses maux. Pour moi qui ai atteint le faîte, et qui ai possédé ma grande part de gloire,