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LE MESSAGER.

La Thrèkè. On le nomme fils du Strymôn.

HEKTÔR.

Rhèsos, dis-tu, a posé le pied sur le sol Troien ?

LE MESSAGER.

Tu as compris. Tu m’as épargné deux fois plus de paroles.

HEKTÔR.

Et comment a-t-il fait son chemin par les gorges de l’Ida, en s’écartant des larges routes battues de la plaine ?

LE MESSAGER.

Je ne sais, certes ; mais, cependant, il est permis de le concevoir. Ce n’est point, en effet, une chose aisée de mener une armée pendant la nuit, quand on sait que l’ennemi couvre les plaines. Il a jeté l’épouvante parmi nous, pâtres, qui habitons la montagne de l’Ida, antique foyer de cette terre, en marchant, dans la nuit, à travers les gorges où abondent les bêtes féroces. L’armée Thrèkienne avançait et roulait à grand bruit ; et, pleins de terreur, nous poussions nos troupeaux au faîte des montagnes, de peur que des Argiens ne vinssent pour piller et dévaster tes enclos. Ayant entendu un langage non Hellène, nous cessâmes de craindre. Et j’allai au devant des éclaireurs de l’armée, et je demandai en langue Thrèkienne quel était le Chef, et de quel père il était né