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server pour moi. C’est une lâcheté, en effet, de renoncer à une grande chose pour une moindre. En outre, j’aurais honte que celui-ci, étant venu en armes pour dévaster cette terre, obtînt ce qu’il demande. Ce serait un opprobre pour Thèba si, par terreur des lances Mykèniennes, j’abandonnais à celui-ci le sceptre qui m’appartient. Il ne devait pas venir en armes pour cette réconciliation, car la parole vient à bout de tout, aussi bien que le fer des ennemis. Si, par un autre moyen, il veut habiter cette terre, soit ; mais je ne veux pas cesser de régner, lorsque je le puis, pour être jamais son esclave. Donc, haut les flammes, haut les épées ! Attelez les chevaux, emplissez les plaines de chars, car je ne céderai point ma tyrannie. Si, en effet, il faut violer la justice, il est très beau de la violer pour la tyrannie. Dans les autres choses que l’équité soit respectée.

LE CHŒUR.

Il ne convient pas de bien parler dans les causes déshonnêtes ; cela n’est pas bien, c’est chose amère pour la justice.

IOKASTÈ.

Ô fils Étéoklès, il n’y a pas que les maux qui soient attachés à la vieillesse, et l’expérience peut enseigner plus de sagesse que la jeunesse. Pourquoi, fils, as-tu le violent désir de la pire des Déesses, de l’Ambition ? N’agis pas ainsi, car c’est une Déesse injuste. Elle est entrée dans beaucoup de familles et de villes heureuses, et elle en est sortie avec la ruine de ceux qui se sont servis d’elle. Tu es insensé à cause d’elle. Il est plus beau de respecter l’égalité qui unit les amis aux amis, les villes