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ORESTÈS.

Homme qui n’es bon à rien, si ce n’est à combattre pour une femme ! ô très lâche à venger tes amis ! tu fuis, te détournant de moi ! Les bienfaits d’Agamemnôn sont vains. Tu seras donc sans amis, ô père, dans l’adversité ! Hélas sur moi ! Je suis trahi, je n’ai plus aucune espérance d’échapper au supplice réservé par les Argiens, car en cet homme était mon unique salut. Mais je vois le plus cher des mortels, Pyladès, qui revient en hâte de chez les Phôkéens. Ô douce vue ! Un homme qui nous est fidèle dans l’adversité est plus doux à voir que, sur la mer, la sérénité du ciel aux marins.




PYLADÈS.

Je suis venu en hâte à travers la Ville, comme je le devais, ayant appris l’assemblée des citoyens, et je l’ai vue de mes propres yeux. Ils se sont assemblés contre toi et contre ta sœur, et ils sont prêts à vous tuer à l’instant. Qu’y a-t-il ? Qu’as-tu ? Que fais-tu, ô le plus cher de mes égaux en âge, de mes amis, de mes parents ? Car tu es tout cela pour moi.

ORESTÈS.

Nous sommes perdus, pour te dire tous mes maux en une parole.

PYLADÈS.

Tu nous entraîneras tous ensemble, car tout est commun entre amis.