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elle avait un caractère particulier, personnel ; c’était bien la salle d’une ancienne famille noble de la province du Périgord, et plus précisément celle des La Ralphie, dont les armoiries se voyaient encore, éclairées par la flamme, sur la grande plaque de fonte de la cheminée.

Valérie, un flambeau à la main, examina toutes ces choses, puis ouvrit une porte de communication et se trouva dans une vaste chambre meublée de deux grands lits à colonnes, d’une immense « lingère » à ferrures artistiquement travaillées, d’un grand coffre à losanges en relief, d’un petit cabinet en vieux chêne, d’une table massive recouverte d’une serviette sur laquelle était une cuvette ovale à pieds et son pot-à-eau en faïence à fleurs. Avec un fauteuil et quelques chaises anciennes, c’était tout le mobilier. Les lits étaient drapés d’antiques étoffes à ramages d’un rouge pâle ; et, au chevet, était accroché un vieux bénitier de Limoges, à sujet pieux, derrière lequel était fichée une branche de buis desséchée. Les murs étaient tendus d’une vieille tapisserie de verdure aux couleurs un peu effacées, et les solives peintes en gris-bleu.

De cette chambre, Valérie passa dans une autre, meublée à peu près pareillement de deux grands lits à l’ange, drapés de siamoise à flammes, mais dont les murs étaient simplement blanchis à la chaux. Elle acheva son inspection par une chambrette où couchait Mariette lorsqu’on venait à Fontagnac.

— Eh bien ! comment trouves-tu la maison ? demanda M. de La Ralphie qui avait suivi complaisamment sa fille.

— J’aime mieux Guersac, dit-elle laconiquement.

Ils dînèrent lentement, devant le feu de la grande salle, et, après le dessert, M. de La Ralphie avança un