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C’était un gros garçon, blond fadasse, avec des favoris en côtelettes, assez insignifiant, mais très « fashionnable », comme on disait alors, et qui outrait, à Fontagnac, les modes et les usages des « lions » parisiens, ces ancêtres des « gommeux » d’aujourd’hui. La fortune considérable de sa famille donnait à Anatole Decoureau une assurance qui allait jusqu’à l’aplomb et même jusqu’à l’impertinence. Quoique la fortune de Mlle de La Ralphie fût un peu moindre que la sienne, il désirait vivement ce mariage, car il rêvait, en l’absence d’héritier mâle, de relever le nom de la famille et de s’appeler « de Coureau de La Ralphie » d’abord, puis, « de La Ralphie », tout court, selon le procédé de tant d’autres. Ce fils unique d’un couple malthusien était patronné par l’abbé Turnac et par la bourgeoisie en général qui l’admirait et voyait en lui un de ses spécimens les plus réussis.

Le second candidat fut le vicomte Guy de Massaut, fils aîné de M. le comte de Massaut, cousin de M. de Brossac. Le vicomte était naturellement le protégé du tuteur de Valérie, son oncle à la mode de Bretagne, chez lequel il était venu s’installer avec deux chevaux, un boghey élégant et un groom en bottes à revers. La famille de Massaut n’était pas riche, aussi les partisans d’Anatole assuraient-ils que les chevaux et le boghey étaient dus au maquignon et au carrossier. Le commandeur, la vieille demoiselle de Bretout, les Pyumégret et quelques autres nobles citadins, s’intéressaient fort au vicomte et s’indignaient même qu’un roturier comme ce Decoureau eut l’audace de prétendre à la main de la noble héritière des La Ralphie.

Ces messieurs épuisaient d’ailleurs tous les moyens de séduction. À quatre heures du soir, Anatole avait