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Il pleure, accuse Dieu, maudit le ciel, lui montre
Le poing d’une façon vraiment piteuse à voir.
Il s’arrête, il a vu le ruisseau qu’il rencontre
Et qui fait son murmure au-dessous du trottoir.
Il ouvre de grands yeux, il le prend pour la Seine !
Son cœur semble combattre un fatal mouvement.
Avec émotion, comme un acteur en scène,
Il avance soudain le pied, tragiquement !
Il trébuche et s’en va donner contre une porte…
Est-ce la sienne ?… Ah ! oui, car un faible rayon
Éclaire la fenêtre ou le diable m’emporte :
Adèle veille, il faut siffler… Ah ! nom de nom !
Allons, de l’énergie ! il la rassemble toute ;
Tout son corps se raidit dans un suprême effort
Et, d’une voix hélas ! qui ne laisse aucun doute
Sur son coupable état, il appelle très fort :
« Adèle, ma petite Adèle, ma Dédèle,
C’est moi, moi, qui suis là pour le passe-partout,
Tu sais, moi ton petit n’Antoine qui t’appelle,
Je suis pas gris, tu vois, je suis pas gris du tout. »
La fenêtre, pendant ce discours, s’est ouverte.
« Siffle — » Ah ! oui, passe-moi la clef » — « Siffle » — Ah ! dame oui,
Je veux bien… fü, fü, fü… je peux pas… elle est verte