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La fille de l’arc[1] ne le fait pas fuir,
Les pierres de la fronde sont pour lui un fétu.

la massue lui paraît un brin de chaume.
Il se rit du fracas de la lance.

Son ventre est armé de tessons aigus,
Et semble une herse étendue sur la boue.

Il fait bouillir le gouffre comme une chaudière,
Il rend la mer semblable à une marmite de parfums[2].

Il laisse après lui un sillage de lumière ;
On dirait que l’abîme a des cheveux blancs.

Il n’a pas son maître sur la terre,
Créé qu’il est pour ne rien craindre.

Il regarde en face tout ce qui est élevé ;
C’est le roi de tous les animaux sauvages.
 

  1. C’est-à-dire, la flèche.
  2. Allusion à l’odeur de musc que répand le crocodile.