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qui rendraient très rapidement le milieu défavorable et nuisible pour toutes les autres. Du reste, il arrive souvent, et c’est le cas du bacille typhique[1] que grâce à sa toxine la bactérie se rende le milieu impropre à elle-même.

C’est Guignard et Gharrin[2] qui ont mis en lumière l’action des toxines dans la lutte entre les espèces microbiennes en mettant en présence le bacille pyocyanique et la bactéridie charbonneuse. Avant eux Emmerich avait injecté simultanément à des lapins le microbe de l’érysipèle et la bactéridie charbonneuse, les animaux tombaient malades mais se rétablissaient, Emmerich expliquait cet antagonisme par une irritation particulière des tissus sous l’influence du bacille pyocyanique, irritation qui paralysait l’action de la bactéridie charbonneuse.

La conclusion de Charrin, qui s’appuie sur des expériences faites directement sur les microbes eux-mêmes, est que le bacille du pus bleu atténue la bactéridie charbonneuse en sécrétant des produits nuisibles pour elle et en épuisant les milieux nutritifs.

Blagovestchensky[3] a étudié la question en suivant une technique spéciale qui le mettait mieux en mesure de suivre l’évolution des phénomènes : il a injecté les deux microbes dans la chambre antérieure de l’œil de lapins et de cobayes. Il prit ensuite à des intervalles variables quel-

  1. Chantemesse et Vidal, Recherches sur le bacille typhique (Arch. de Phys., 1887).
  2. Guignard et Charrin (Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 1887).
  3. Blagovestchensky, Sur l’antagonisme entre les bacilles du charbon et du pus bleu (Annales de l’Institut Pasteur, novembre 1890).