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il faut donc s’attendre à la retrouver dans toute la série des êtres organisés.

En bactériologie, ces phénomènes semblent avoir été jusqu’à présent assez peu étudiés ; la littérature scientifique ne possède que quelques travaux où ce mot de concurrence vitale soit mis en vedette et encore ne s’agit-il le plus souvent que de cas particuliers où se manifeste un antagonisme marqué entre des espèces microbiennes déterminées. La question ne semble donc pas encore avoir été traitée à un point de vue général.

Cependant elle n’est pas nouvelle ; lorsque Pasteur et son école reconnurent le rôle prépondérant des microbes dans la genèse des maladies, les explications qu’ils donnèrent sur l’infection et sur la résistance des organismes reposèrent tout d’abord sur la concurrence vitale. Qu’est-ce en effet, que la théorie de Metschnikoff sur la diapédèse des leucocytes et les phénomènes de phagocytose, sinon la concurrence vitale entre les bactéries et les cellules ?

Dans les expériences faites in vitro dans les laboratoires on a remarqué depuis longtemps qu’il y a très souvent antagonisme entre des espèces microbiennes différentes. D’habitude l’une se développe plus rapidement et parvient à étouffer ses voisines ou tout au moins à diminuer et à masquer leur action.

Beaucoup de bactéries exercent donc sur d’autres une action nuisible manifeste. Ce fait d’antagonisme a été signalé en premier lieu par Garré[1] qui, en expérimentant avec les cultures sur milieux solides, avait remarqué que

  1. Garré, Ueber Antagonisten unter Bacterien (Correspondenzblatt für Schweitzer Aertze, XVII, 1887).