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Le brigadier Frédéric.

tions dons touchant les races, la patrie allemande et les droits de Sa Majesté.

Représente-toi maintenant notre solitude, la crainte des maraudeurs, qu’on n’aurait pas osé repousser, parce qu’ils se seraient présentés au nom du roi. Heureusement cette espèce de gens n’avait pas grand courage ; le bruit courait que des francs-tireurs et même des soldats échappés de Wœrth rôdaient aux environs ; cela nous préservait des visites de la bonne race, qui nous voulait tant de bien.

On disait aussi que les employés de la partie forestière seraient conservés, qu’on augmenterait même les appointements des anciens gardes et que plusieurs obtiendraient de l’avancement.

Tu comprends mon indignation, lorsque j’entendais répéter de semblables paroles ; je n’avais pas oublié les recommandations de notre brave inspecteur ; je les rappelais à tous mes hommes chaque fois que l’occasion s’en présentait :

« Il faut rester à notre poste !… La fortune ne sera peut-être pas toujours contre nous… Que chacun remplisse son devoir jusqu’à la fin… Je n’ai pas d’autre ordre à vous donner. »