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Le brigadier Frédéric.

j’en étais sûr ! Mais l’habitude de retourner dans le même coin et de voir les mêmes choses devient une seconde nature, et voilà pourquoi les vieux lièvres, même après avoir reçu des coups de feu dans les environs de leur gîte, y reviennent toujours ; ils ont besoin de voir la broussaille, la touffe d’herbe qui leur rappellent la jeunesse, les amours, et même les inquiétudes et les chagrins, qui font à la longue les trois quarts de notre existence et nous attachent autant que les souvenirs de bonheur.

Ah ! je n’aurais jamais cru qu’il m’arriverait bien pis que de me retirer avec mes enfants, dans un pays de sapins semblable au nôtre, et dans une maisonnette pareille à la mienne !

Ces choses m’inquiétaient donc beaucoup ; et depuis le départ de M. le président Münstz, je ne savais plus à qui demander un bon conseil, quand tout s’arrangea d’une façon très-heureuse, qui m’attendrit encore quand j’y pense.

Tu sauras que durant les années 1867, 1868 et 1869, on faisait des routes dans toutes les directions, pour l’exploitation des coupes et le transport des bois au chemin de fer et au canal.