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Le brigadier Frédéric.

tion de recevoir des pièces de cent sous dans un aussi pressant besoin ; cela m’attendrissait tellement que j’en avais les larmes aux yeux et que je ne savais comment le remercier.

Il vit bien à ma figure ce que je pensais, et, comme j’essayais de lui tourner un petit remercîment, il dit :

« C’est bien… c’est bien, Frédéric… Ne parlons pas de cela… Vous êtes un brave homme… un bon serviteur de l’État… Je suis content de vous rendre service. »

Mais ce qui me fit encore plus de plaisir que le reste, c’est quand au moment de partir et déjà levé, il me demanda si plusieurs gardes de notre inspection n’avaient pas rejoint l’armée des Vosges.

Aussitôt l’idée de Jean me vint ; je pensai qu’il en avait peut-être des nouvelles. Malgré cela je lui citai d’abord le grand Kern et Donadieu, puis seulement Jean Merlin, parti le dernier, et qui sans doute avait suivi le même chemin que moi, par Schirmeck et Rothau.

« Un grand et solide gaillard, fît-il, à moustaches brunes, ancien chasseur à cheval ; n’est-ce pas cela ?