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Le brigadier Frédéric.

« Oh ! père Frédéric, pouvez-vous me demander cela ? Vous me faîtes de la peine. Ne savez-vous donc pas ce que je ferai ? Je ferai comme vous ; il n’y a pas deux manières d’être honnête homme,

— C’est bon ! Je le savais, lui dis-je, mais je suis pourtant content de vous l’avoir entendu dire. Il faut que tout soit clair entre nous. Nous ne sommes pas des Allemands, nous autres, qui vont par trente-six chemins, et qui trouvent que tout est bien, pourvu que cela réussisse. Allons, en route, Jean, et bon courage ! »

Nous commençâmes à descendre la côte, et je t’avoue, Georges, qu’en approchant de la maison, et pensant qu’il allait falloir annoncer la terrible nouvelle à ma fille et à la grand’mère, mon cœur en frémissait.

Enfin, nous arrivâmes tout de même sur le seuil. Jean entra le premier ; je le suivis en refermant la porte.

Il pouvait être quatre heures, Marie-Rose pelait des pommes de terre pour le souper, et la grand’mère, assise dans son fauteuil, près du poêle, écoutait bourdonner le feu comme à l’ordinaire, depuis des années.