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L’AMI FRITZ.

feras des tours aux environs dans la voiture de Hâan. Et justement, avant-hier il m’engageait, pour la centième fois, à l’accompagner en perception. C’est cela, nous causerons, nous rirons, nous nous ferons du bon sang, et dans une quinzaine tout sera fini. »

Deux hussards s’approchaient alors, bras dessus bras dessous avec leurs amoureuses. Kobus les vit venir de loin, sur le bastion de l’hôpital, et descendit dans la rue des Ferrailles, pour retourner à la maison.

« Je vais commencer par écrire au père Christel de poser le grillage, se dit-il, et de remplir le réservoir lui-même. Si l’on me rattrape à retourner au Meisenthâl, ce sera dans la semaine des quatre jeudis. »

Lorsqu’il rentra, Katel mettait le couvert. Sûzel était partie depuis longtemps. Fritz ouvrit son secrétaire, écrivit au père Christel qu’il ne pouvait pas venir, et qu’il le chargeait de poser le grillage lui-même ; puis il cacheta la lettre, s’assit à table et dîna sans rien dire.

Après le dîner, il ressortit vers une heure et se rendit chez Hâan, qui demeurait à l’hôtel de la Cigogne, en face des halles. Hâan était dans son petit bureau rempli de tabac, la pipe aux lèvres ;