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fig. 7. le même arbre chargé de la seconde couche de terre.

Pour ne pas quitter la formation du noyau que nous avons entamée, nous dirons qu'il faut, avant toutes choses, c'est-à-dire, avant même de placer l'arbre sur l'attelier, couler à travers le trou du bourlet une paille bien ronde qui remplisse le canal R. T. fig. 4. fait pour donner de l'air au noyau & empêcher qu'il ne se fende au recuit ou dans le chassis, ce qui ne manqueroit pas d'arriver, si l'air qui se raréfie dans l'intérieur ne trouvoit à s'échapper; cette paille brûle au recuit, & pour peu qu'on ait attention de passer un petit fil d'archal, tel qu'une aiguille à tricoter, par le trou du bourlet, avant d'employer le noyau dans le chassis, le canal se trouve toujours libre. On voit aisément par la Iere. 7e. & 8e. fig. que la lumiere se tourne en même tems que le noyau, & comme l'arbre qui a six lignes de diametre ne peut recevoir que deux lignes d'épaisseur de terre vers le haut & une ligne & demie vers le bas, il ne faut dans les premieres charges que croter l'arbre en cet endroit, après y avoir tourné spiralement, si l'on veut, un seul brin de foin. Cette lumiere s'acheve avec la derniere charge, & pour qu'elle remplisse bien, il faut avoir pour la former un peu de terre plus douce que celle du noyau. Cette pratique n'est pas neuve, les ouvriers dans leurs anciens usages ayant toujours fait de la terre plus douce & plus forte pour remplir la matrice de bois qui formoit leur lumiere autour de la lance qu'ils plaçoient dans le noyau après en avoir arraché l'arbre sur lequel il avoit été tourné.

On observera pour la construction de la Planche calibre ou échantilon, qui forme le noyau & la lumiere, qu'elle ne differe des anciennes qu'en ce qu'elle acheve entierement son noyau, & ne laisse pas, selon l'ancien usage, deux grands espaces à arranger à peu près, lorsque la lance est placée.

Ceci dit, supposant le noyau parfait, nous passerons à la construction du chassis & du globe de cuivre, qui sert à former dans le sable la figure extérieure de la bombe.

Le chassis qu'on voit Pl. XXII. fig. 1. est de figure ordinaire; il se partage en deux moitiés égales, & se réunit par trois petits goujons I, I, I, & une coulisse de repaire E K; on en a rempli les angles, tant pour les faire durer plus longtems, que pour épargner une quantité de sable inutile, & la peine de le serrer; la partie qui reçoit la moitié du globe sur laquelle se posent les anses, est traversée d'une barre de fer vue en plan figure 2, en profil figure 3, & en perspective fig. 4.

Ses deux parties a b & c d doivent être, ainsi que son épaisseur, encastrées dans le bois du chassis, comme on voit en la figure 6, ensorte que l'arbre contenu par la partie C de cette traverse, que l'on nomme chapelle, présente exactement la coupe du demi-globe dans le plan de jonction des deux pieces du chassis, pour qu'une regle présentée sur les bords de l'un appuie exactement sur les bords de l'autre. L'encastrement de cette traverse doit se faire fort juste, & elle doit être si solidement attachée qu'elle ne puisse se déranger. Deux crochets O attachés aux deux côtés de l'autre moitié du chassis la serrent sur la premiere, moyennant deux petits crampons r qui les reçoivent, & qu'elles ne puissent se séparer l'une de l'autre par le travail de la fonte. C'est tout ce que l'on peut avoir à dire sur cet article. Le globe de cuivre figure 5. qui sert à mouler, doit être tourné avec soin pour être parfaitement rond; une ligne & demie d'épaisseur lui suffit; mais il faut, pour bien faire, qu'une de ses moitiés soit fondue avec l'arbre l m n g qui la soutient à l'aide de la chapelle; cette demi-sphere tournée avec l'arbre sur les points q & g assure mieux la concentricité de l'un & de l'autre; l'on arrive difficilement à donner un même axe au globe & à son arbre fixe, quand faits séparément l'un de l'autre, ils ne sont unis que par une clavette dont l'usage est seulement d'empêcher que la traverse k i fig. 7. ne cede un peu quand on la prend pour retirer le modele du sable; les proportions extérieures de cet arbre sont les mêmes que celles des arbres à noyaux dans cette partie, le premier devant faire exactement dans le sable la place des derniers, qui doivent pour soutenir le noyau dans le milieu du vuide qu'a laissé le modele, être aussi exactement contenus par les trous de la chapelle.

La hauteur de cette chapelle, qui est d'environ 16 lignes, fait la longueur du bout de l'arbre fixe au dessus du bourlet. On remarquera seulement à cette occasion que la longueur m, n, du bourlet dans l'arbre fixe doit excéder d'une ligne celle du bourlet dans l'arbre à noyau, afin que la lumiere que l'on fait d'une ligne plus longue en terre qu'il ne faudroit, entre d'une ligne dans le sable, & empêche que la fonte ne puisse quelquefois se glisser entre le bourlet & la terre, & n'aille remplir ainsi le petit canal, d'où il résulteroit deux inconvéniens; le premier, que cette fonte entrée dans le trou qui traverse le bourlet s'en retire difficilement & gâteroit communément l'arbre; le second, que ce trou bouché, l'air de l'intérieur du noyau raréfié par l'ardeur de la fonte qui l'enveloppe, ne trouvant plus par où s'échapper, fait éclater le noyau, assez pour y introduire de la fonte, ou assez au moins pour faire un bouillonnement qui ne manque pas de faire un trou dans la partie supérieure de la bombe, qui est le culot, quand on coule les anses en bas, ce qui leur donne plus de solidité; cette précaution paroîtroit être inutile, mais elle est toujours sage, & comme il ne coûte rien de la prendre, on ne doit pas y manquer. C'est à cette premiere moitié du globe que doivent être les crampons de repaire x, x, x, x, qui servent à en raccorder les deux parties.

La seconde moitié ajustée exactement sur celle-ci, par les entailles qui reçoivent les crampons, se tourne & se finit avec la premiere sur laquelle on peut pour cela la souder en étain, de sorte que les deux ensemble ne fassent plus qu'un seul globe que l'on repartage ensuite. On a à l'extrémité de l'arbre fixe un des points par lequel il doit être tourné, & l'on trouve l'autre en tâtonnant & à l'aide d une circonférence tracée légérement au bord de la premiere moitié Cette seconde moitié a aussi une traverse de fer pour la retirer du chassis; comme il n'y a point d'arbre qui l'arrête, elle doit être un peu plus épaisse que la précédente, afin de ne pas plier; mais comme cette moitié n a point de prise à l'aide de laquelle on puisse la placer sur la premiere quand on a retourné le chassis, & que cela seroit fort difficile, surtout pour les bombes de onze pouces huit lignes, on pra-tique au centre q un écrou de quatre lignes ou environ de diametre pour les petites bombes, en sorte qu'à l'aide d'une vis emmanchée, comme on voit en r fig. 8, on la manie plus facilement & plus sûrement. Le manche de cette vis demeure, quand on veut couler par le culot, jusqu'à ce que la piece soit moulée, & son vuide fait alors un évent; si au contraire on veut couler par les anses, on le supprime dès que la piece est placée, & on couvre le trou de l'écrou d'un morceau de papier de la grandeur d'un écu pour empêcher le sable d'y tomber.

Il n'est pas, je crois, nécessaire de dire que quand on veut couler par les anses on place sur chacune d'elles une coulée ou cheville de bois arrondie en cierge & affleurant le chassis, & que l'on en place deux pareillement disposées aux côtés du manche dont on vient de parler, lorsqu on a dessein de couler par le culot.

On voit par la coupe des chafsis figure 9. Planche XXIII. la maniere dont le noyau est invariablement contenu à l'aide de la clavette V, dans le milieu du vuide que le modele a fait dans le sable; il ne faut pour cela qu'avoir attention que les arbres soient entretenus bien droits, c'est-à-dire, qu'on ne les tire point de travers pour les arracher de la bombe quand elle est coulée, qu'on ne les jette pas négligemment à quatre pas de soi, comme on fait assez ordinairement les lances, & qu'enfin s'il s'en rencontre de faussés, l'ouvrier qui doit s'en appercevoir en les plaçant sur le tour, les fasse réparer sur le champ. S'il a manqué à cette attention, elle n'échappera pas à celui, qui, plaçant le noyau dans le chassis, voit, sans pouvoir s'y tromper, si le vuide qui reste entre ce noyau & le sable n'est pas régu-