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NOY NOY


tomber naturellement ; mais l’embarras d’aller les ramasser journellement & la crainte des voleurs, déterminent presque partout à les faire tomber forcément, lorsque le brou de quelques-unes commencé à s’ouvrir, au moyen de longues perches appelées Gaules. Voyez ce mot.

Outre les inconvéniens précédens, cette manière d’opérer cause fréquemment des accidens, soit que le gauleur se place sur une échelle ou sur une grosse branche, & il casse une immensité de petites branches qui eussent donné du fruit l’année suivante. Il est très-peu de noix qui puissent se cueillir avec la main, attendu qu’elles sont toujours à l’extrémité des pousses de l’année précédente.

Un noyer dans la force de l’âge, c’est-à-dire, de cent cinquante ans, produit environ deux sacs de noix, évalués douze francs. Il peut fournir, aux environs de Paris, pour cent cinquante à deux cents francs de cerneaux.

C’est ordinairement dans des sacs qu’on transporte à la maison les noix ramassées. Là, on les étend en plein-air, pour que le brou de celles qui sont près de leur maturité s’ouvre, & que celui de celles qui en sont éloignées se dessèche. Ces dernières ne sont jamais propres à donner de l’huile, & doivent se manger de suite.

Les noix se mettent à part, dans un endroit aéré & à l’abri de la pluie, dès qu’elles sont séparées de leur brou.

Après leur dessiccation complète, on les remet dans des sacs ou dans des tonneaux défoncés, pour que leur huile se perfectionne.

Le brou de noix s’accumule dans des tonneaux pour l’usage de la teinture. Si leur couleur vert-brun n’est pas brillante, elle est au moins économique & très-solide ; aussi en fait on un considérable emploi.

Ce n’est guère qu’un mois après la dessiccation des noix (il vaut mieux tarder plus longtemps, à mon avis) qu’on les casse pour isoler l’amande & la porter au moulin à huile, chose qu’il faut faire de suite, car les amandes brisées se rancissent très-promptement, & donnent à l’huile de celles inaltérées, une odeur & une saveur désagréable à beaucoup de personnes.

Il est très-important de ne laisser parmi les amandes aucun fragment du noyau ou de la membrane qui en sépare les lobes, parce que ces fragmens absorberoient une portion de l’huile.

Dans les pays où on mange l’huile de noix, les propriétaires jaloux d’en avoir de bonne, font, en outre, mettre de côté les amandes blanches, pour en faire tirer celle à leur usage, cette couleur indiquant qu’elles sont plus saines. Voyez Huile.

Il est des noix très-dures dont l’amande est fort petite. Leur épluchement est fort long ; mais, ainsique je l’ai déjà observé, elles donnent le plus d’huile.

Un double décalitre de noix arrivées au degré de maturité & de dessiccation convenable, donne, dans les bonnes années, cinq litres d’huile. Dans les années les plus défavorables, elles en donnent encore trois.

L’huile de noix, même tirée sans feu, a une odeur & une saveur de fruit qui ne plaît pas à tout le monde, mais auxquelles on s’accoutume facilement.

Cette huile, purifiée, est une des meilleures pour la peinture. Sa lie s’emploie avec avantage pour la fabrication des toiles cirées, &, saupoudrée de sable, pour garantir les bois de la pourriture.

On peut tirer parti du marc des noix, soit pour la nourriture de l’homme, soit pour celle des bestiaux & des volailles, soit pour l’engrais des terres. Voyez Tourteaux.

Pour le rendre propre à la nourriture de l’homme, on le délaie dans l’eau aussitôt qu’il est sorti de dessous la presse ; les pellicules montent à la surface, & on les enlève avec une écumoire. Les débris de l’amande, qui sont tombés au fond, se moulent sous une presse en petits ronds de deux lignes d’épaisseur, & se gardent dans un lieu sec. S’il ne s’y trouve pas de fragmens rances, ils restent bons pendant deux à trois mois.

Les fragmens de la coque de la noix se brûlent assez généralement dans le foyer. Dans quelques lieux on en fait du charbon pour les peintres ou pour les fabriques de poudre de chasse ; dans d’autres on les brûle dans des fosses pour en obtenir la potasse. Voyez ce mot.

Les feuilles & l’écorce du noyer servent comme le brou à la teinture.

Il ne me reste plus, pour compléter ce que j’ai à dire relativement au noyer, qu’à parler de l’utilité de son bois, utilité telle, que s’il venoit à manquer, les ébénistes, les carrossiers, les tourneurs, les armuriers, les sculpteurs, les graveurs en bois, &c., seroient fort embarrassés. « Il n’est pas de bois, dit Varenne de Fenille, plus doux, plus liant, plus facile à travailler, plus gras, plus flexible que celui du noyer ; il se polit très-facilement ; sa couleur est sérieuse, mais elle est belle ; elle se renforce en la mettant quelque temps dans l’eau. Il fait peu de retraite par la dessiccation, & se fend rarement. Son pied cube pèse, vert, 60 livres 4 onces, & sec, 44 livres 1 once par pied cube.

Le bois de ses racines est plus veiné que celui du tronc, &, chose remarquable, il est moins pesant.

Il existe en Auvergne une variété dont le bois du tronc est également très-veiné & qui se vend, en conséquence, près du double plus cher.

Le noyer noir a dix-neuf folioles, les fruits ronds, la noix irrégulièrement sillonnée. Il est introduit dans nos jardins depuis 1656, mais il n’y a pas plus de cinquante à soixante ans, c’est-à-dire, depuis que les pieds porte-graines se sont

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