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NOY NOY


écussons sur chacune de celles réservées. Voyez, pour le surplus, au mot Greffe.

La greffe des noyers a encore pour résultat de retarder leur végétation au printemps, & par cela seul de les garantir quelquefois des gelées tardives, ce qui est d’une grande importance.

La plantation des noyers à demeure peut s’exécuter pendant tout l’hiver, les jours de gelée exceptés. Il faut que les trous destinés à les recevoir soient ouverts au moins six mois à l’avance, & garnis, à leur fond, de quelques pouces de bonne terre. Voyez Plantation.

Généralement, on coupe la tête aux noyers avant de les mettre en terre. Je désaprouve d’autant plus une telle pratique, que cet arbre a une écorce très-épaisse, & que la force de sa végétation, lorsqu’il est privé dé la plus grande partie de son chevelu, n’est pas assez puissante pour la faire aisément percer par les boutons adventifs qu’elle recouvre. Aussi, combien de pieds qui poussènt foiblement ou point du tout la première année ! combien même meurent lorsque l’été est sec & chaud ! Pour opérer convenablement, il faut donc seulement raccourcir les grosses branches a environ deux pieds du tronc, & y laisser le plus possible de brindilles, parce qu’elles offrent des boutons qui attirent la séve avec toute la facilité désirable, & donnent ensuite lieu à un grand développement de chevelus. Voyez Plantation.

Les noyers plantés doivent être labourés au pied pendant quelques années, en s’écartant chaque année de plus en plus du tronc, c’est-à-dire, à mesure que les racines s’alongent.

Dans les lieux où il y a peu de profondeur de terre, & où la roche est assez fendillée pour permettre l’introduction des racines des noyers, on assure leur reprise en recouvrant leur pied d’une butte de terre ou d’un tas de pierre, qui s’oppose & à l’effet des vents violens & à celui d’une sécheresse trop prolongée.

Il est des lieux où les vieux noyers sont abondans, & où on peut difficilement en planter de jeunes avec succès. Je me suis assuré que dans les uns c’étoit faute de prendre les précautions ci-dessus, & dans les autres, par l’effet des gelées tardives, qui agissent sur les jeunes arbres bien plus dangereusement que sur les vieux. Or, un jeune noyerqui en est frappé deux fois de suite dans une même année, est un arbre perdu. Voyez Gelée.

Un tuteur & un fagot d’épine sont souvent aussi des moyens de conservation contre les animaux qui vont se frotter contre les noyers nouvellement plantés.

Presque toujours les branches d’un noyer repris sont abandonnées à la nature ; cependant il est bon d’en guider la direction, pour qu’elles soient à égale distance les unes des autres & d’égale longueur, une tête bien touffue & bien ronde étant une condition importante à l’abondance des produits futurs.

Les fortes gelées de l’hiver, des sécheresses prolongées, la vieillesse, & autres causes, font quelquefois périr le sommet des noyers. Dans ce cas, les rapprocher, c’est-à-dire, couper leurs branches sur le vif pour en faire pousser de nouvelles, est une opération qu’il faut toujours tenter, parce qu’elle les rajeunit, si elle réussit, & qu’elle n’empêche pas de les arracher l’année suivante, si elle manque. Je la conseille donc même sur les arbres dont la rupture d’une branche, par le vent, dérange la disposition régulière.

Comme le produit annuel des noix forme un revenu plus considérable que l’intérêt de la valeur du tronc, quelqu’élevée que soit cette valeur, on est toujours déterminé à n’arracher les noyers que lorsqu’ils sont morts ; de-là, tant de ces arbres qui n’ont plus que l’écorce & dont les restes ne sont plus bons qu’à brûler, qu’on rencontre en tous pays. Il est cependant à désirer, pour le bien général de la société, que le bois du noyer, qui ne peut être remplacé pour plusieurs services, ne soit pas perdu, car les meubles qui en sont fabriqués durent des siècles, & leur accumulation augmente chaque année la richesse publique.

Les noix vertes servent à faire un ratafia, se confisent dans du sucre, s’emploient dans la peinture en détrempe. Voyez Ratafia & Conserve.

La récolte des noix, qui n’est que secondaire dans le nord de la France, où on ne les consomme que sur la table, à raison de son incertitude, devient très-importante dans le milieu & dans le midi, attendu que leur huile y supplée à toutes les autres pour l’assaisonnement des mets, pour la lampe & pour la peinture.

On commence à manger les noix en cerneaux, dès que leur amande est formée. D’abord, cette amande est sans saveur, mais bientôt elle en prend, & dès-lors devient un aliment très-flatteur, dont il ne faut cependant pas abuser, car il est très-indigeste. On affoiblit ce grave inconvénient par un assaisonnement élevé.

Les cerneaux, aux environs de Paris & autres grandes villes, sont un objet important de vente pour les cultivateurs. Dans les campagnes éloignées ils sont sans valeur. On prolonge la durée de la consommation qui s’en fait, au moyen des variétés plus hâtives & plus tardives, placées à des expositions différentes. J’ai mangé en septembre de ceux de la noix de la Saint-Jean, mais ils étoient, je dois le répéter, de fort mauvaise qualité.

Ainsi que je l’ai déjà observé, il seroit bon, pour la quantité & la qualité de l’huile, ainsi que pour la bonne conservation des noix, d’attendre que leur maturité complète & les vents les fissent