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& fort liant quand il n’est pas sec. Il ne se retrait que d’un douzième par la dessiccation, & pèse après cette dessiccation, suivant Varenne de Fenille, 50 livres 12 onces 1 gros par pied cube. Le même a constaté qu’il falloit 200 livres pour en casser une solive, ce qui est le plus fort poids exigé par les bois indigènes. Ses emplois les plus communs sont des brancards de voitures, des cercles de cuve, des fourches, des chaises communes & autres objets de tour, des arcs excellens, des chevilles, &c. Il brûle aussi bien vert que sec, donne beaucoup de chaleur, & forme un charbon fort estimé dans les forges.

Souvent il se développe, sur le tronc des frênes, des loupes dont les fibres entrelacées & diversement colorées ont un aspect agréable. Ces loupes, qu’on appelle alors brouzin, s’achètent par les ébénistes, qui en fabriquent des armoires, des tables & autres petits meubles, quelquefois artificiellement teints, qui se vendent fort cher.

Outre les frênes dans les jardins d’agrément, on en cultive beaucoup le long des routes, dans les avenues, dans les haies, dans les terrains vagues des environs des villages. Tantôt ces frênes sont complètement abandonnés à eux-mêmes, comme dans les forêts ; tantôt on les élague de loin en loin, soit pendant l’été, pour employer leurs feuilles, soit fraîches, soit sèches, à la nourriture des bestiaux qui les aiment tous ; soit, pendant l’hiver, pour servir le feu de la cuisine ou chauffer le four. Il est quelques cantons, & je les approuve, car c’est le moyen d’en tirer le meilleur parti, qui le tiennent en Têtard (voyez ce mot) dans les mêmes buts. On a dit que les vaches nourries de feuilles de frêne donnoient un lait de mauvais goût : il se peut que cela aie lieu lorsqu’elles ne mangent pas autre chose ; mais quand, ainsi qu’il est toujours bon de le faire, on varie leurs alimens, elles ne produisent pas cet effet, ainsi que j’ai eu occasion de le constater. Voyez Feuillée.

L’écorce de frêne, qui est aromatique, acre & amère, sert au tannage des cuirs & à la teinture bleue des laines. On substitue, quelquefois avec avantage, celle de sa racine au quinquina même.

En Sibérie on emploie ses graines à donner un bon goût à la mauvaise eau, qui y est très-commune.

C’est presqu’exclusivement par semences qu’on multiplie le frêne commun, quoiqu’il soit possible de le faire par rejetons, par marcottes & par racines, parce que ces semences sont abondantes, d’une facile récolte, & que les arbres qui en proviennent sont plus beaux & d’une durée plus longue.

Pour que les semences de frêne conservent leur faculté germiriative & qu’elles ne soient pas dévorées par les mulots & autres rongeurs qui en sont très-friands, on les stratifié & on les laisse en terre pendant tout l’hiver.

D’après le fait déjà cité, que le frêne vient mieux à l’ombre, dans sa jeunesse, qu’aucun autre des grands arbres d’Europe, il devient très-avantageux de le préférer pour repeupler les bois en fonds humide. Deux moyens peuvent être employés séparément ou ensemble : le premier de jeter au printemps, dans un trou fait par un seul coup de pioche à fer large de trois pouces aux lieux qui manquent d’arbres, deux ou trois semences de frêne, & de les recouvrir avec la même terre ; le second, d’y planter des arbres de deux à trois ans, levés dans une pépinière ou dans les bois.

Il est rare qu’on fasse de grands semis de frênes parce que partout on préfère les forêts de chênes & avec raison, comme on l’a vu à l’article de cet arbre.

Le semis du frêne dans les pépinières s’exécute également au printemps, dans une planche préparée par deux labours d’hiver. Tantôt on les répand à la volée, tantôt en rayons espacés de 8 à 10 pouces. Dans les deux cas on les tient écartés & on ne les couvre que de cinq à six lignes de terre.

Le plant levé s’arrose & se bine dans le besoin. On le laisse ordinairement deux ans dans la même planche. Celui qui est destiné à faire des plantations en grand ou à regarnir des clairières de bois, est immédiatement mis en place ; celui qu’on réserve pour devenir des arbres de ligne, ou pour servir à la greffe des espèces étrangères, est repiqué dans une autre planche de la même pépinière, au préalable défoncée à un pied au moins de profondeur à la distance de 25 pouces, terme moyen, plus près si le terrain est mauvais, ou qu’ils doivent être bientôt mis en place, plus loin dans le cas contraire.

Rarement le pivot des frênes est utile à supprimer, quoique, ainsi que je l’ai déjà observé, ces arbres s’en dédommagent en traçant. Voyez Pivot.

On ne doit pas couper la tête aux frênes à transplanter, sans une nécessité absolue, car portant une flèche, on rendroit leurs troncs déformés ; mais lorsque cette flèche est cassée, on le peut, en coupant leurs tiges rez-terre & en mettant la touffe qui la remplace sur un brin. Voyez Réceper.

La seconde année qui fuit la transplantation des frênes dans la pépinière, on taille en crochet leurs branches latérales. A la quatrième on peut enlever les plus forts pieds pour les mettre en place, & à la cinquième le reste.

Les anciens marais à moitié desséchés, où l’Aune cesse de se plaire, sont les lieux où il est le plus avantageux de planter des frênes en quinconce. On peut ne les espacer que de douze à quinze pieds, vu que ce sont plutôt les tiges hautes que les tiges grosses que recherche le commerce. Une plantation dans un tel lieu peut commencer à être vendue, en choisissant les pieds les mieux venus, dès l’age de trente ans, & continuer

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