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siècles d’ignorance avaient enveloppé vecl’Université, dontquelquesanteurs l’Europe , la passion de l’instruction attribuèrent à tort la fondation à Chardevint une mode, et créa une foule de lemagne. Ce prince , qui aimait assez sociétés savantes qui marchèrent si- l’égalité pour dire aux nobles ambimultanémentàlarecherchedessciences tieux et paresseux, a Je vois que vous el des arts, oubliés et presque perdus 1 comptez sur le mérite de vos aïeux , dans les mêmes contrées où ils avaient 1 mais apprenez qu’ils ont reçu leur eu le plus d’éclat. Les Gaules éclairées » récompense, et que l’état ne doit par les Romains et par Julien le philo- » rien qu’à ceux qui se rendent capasophe, étaient retombées , sous les 1 bles de le servir et de l’honorer par rois fainéants de la première race et » leurs talents », voulut effacer toute les maires du palais , dans la plus distinction de rang entre les académiprofonde ignorance : les moines y pas- cieus, et exigea que chacun d"eux se saient pour savants lorsqu’ils savaient choisit un nom purement littéraire , et lire. Ils s’opposaient par politique à qui ne rappelât ni sa dignité ni sa naisl’instruction des peuples, ce qui fai- sance. Egilbert , le plus spirituel des sail dire à Charlemagne : « Le clergé grands de sa cour , prit modestement » veut seul être savant, et rester seul le nom d’Homère ; l’archevêque de » l’interprète des sciences et des lois.1 Mayence s’appela Damœtus ; Alcuin , Cependant ce prince, digne de vivre Albinos ; Éginard, Calliopus ; Adélard, dans un siècle moins barbare, tenta abbé de Corbie, Augustin ; Théodulphe de ressusciter les lettres, dont il avait se nomma Pindare ; et Charlemagne quelque connaissance, mais dont il re- lui-même, sans doute à cause de son tardait l’essor, sans s"en douter·, en goût pour la composition des cantipréférant trop exclusivement, selon ques , se décerna le nom de David. les préjugés de celte époque, la littéra- L’académie de Charlemagne obtint. ture sacrée, qui n’est pas la meilleure, une grande célébrité ; quoiqu’elle ait à la littérature profane. ll reprochait laissé peu de monuments , elle préà Reibode , archevêque de Trèves, son para l’essor des sciences, en répandit admiration pour les poésies de Virgile, le goût, et jeta peut-être les premiers et lui disait qu’il aimerait mieux pos- fondements de la langue française, séder l’esprit des quatre évangéliste• idiome encore grossier, composé d’un que celui des douze livres de L’Enéide. mélange barbare du langage des Goths, Aussi eut-il la prétention d’être un du latin et du vieux gaulois. L’acadéhabile théologien , et ne s’appliqua-t-il mie de Charles soumit cette langue à qu’à composer quelques cantiques, ce .des principes, et en fit une langue réqui ne l’empêcha pourtant pas de fon- gulière, qui devint la langue romance. der dans son palais même une acadé- Charles voulut , contre l’usage de son mie consacrée à l’étude de la gram- temps , faire rédiger dans cette langue maire, de l’orthographe , de la rhéto- les hymnes, les prières et les lois ; mais rique, de la poésie, de l’histoire, de le clergé s’opposaopiniâtrément à cette l’astronomie et des mathématiques. innovation , qui lui aurait enlevé une Cette académie offrait plus de ressem-

.partie de son influence , en lui ôtant

hlaoce avec notre Institut actuel qu’a- l’interprétation des lois civiles et clivi-